Que de chemin parcouru en un peu plus de deux ans !
Le 30 novembre 2022, jour du lancement de ChatGPT 3.5, restera sans doute gravé comme une date fondatrice pour beaucoup d’entre nous, un peu comme si nous avions tous découvert Internet le même jour.
À cette époque, je connaissais déjà l’existence des travaux sur les architectures dites « transformers » – le fameux « T » dans GPT – et j’avais entrevu le potentiel des modèles de génération d’images.
Pourtant, jamais je n’aurais soupçonné la prodigieuse rapidité avec laquelle cette technologie allait évoluer.
En 2024, les podcasts, les vidéos et les articles ont rivalisé de superlatifs pour décrire l’ascension fulgurante de l’IA générative.
L’année 2025 s’annonce, à tous points de vue, comme celle de la consécration, nourrissant un espoir presque aussi grand que les inquiétudes légitimes qu’elle suscite.
Pour paraphraser les désormais légendaires résumés audio généré par l'IA de NotebookLM : "Let's deep dive!"
Table des matières
- 1. Consolidation des modèles de fondation
- 2. Bye-bye les GAFAM, bonjour les GAMMANX
- 3. OpenAI, leader contesté en 2025 ?
- 4. La révolution du protocole MCP par Anthropic
- 5. Google 2025 : année du renouveau ou année de tous les dangers ?
- 6. Meta et l'open source... en route vers le metaverse !
- 7. Mistral : un vent nouveau venu de France
- 8. Nvidia, "nouveau" géant de l'IA
- 9. La fin d'une multiplication insensée des LLMs ?
- 10. Small (language models) is beautiful !
- 11. Bientôt l'IA quantique ?
- 12. Le SEO va céder la place à l'AEO !
- 13. Place aux bases de données vectorielles
- 14. Real-Time Communication : l'IA a du coffre
- 15. Émergence des agents autonomes
- 16. Une transition progressive des LLM aux LCM
- 17. De la RAG à la KAG
- 18. L'IA, votre prochain créateur de jeux vidéo
- 19. Text-to-video : le grand bouleversement audiovisuel
- 20. Vers un essor de l'IA 3D
- 21. UX/UI : place aux Interfaces Adaptatives en Temps Réel
- 22. Projet Colossus : la course au gigantisme
- 23. Grok/xAI : ambitions à surveiller
- 24. Quand la Chine s'éveillera…
- 25. Batailles de droits d'auteur
1. Vers une consolidation des modèles de fondation établis
Un modèle de fondation, comme ChatGPT, est un système d'intelligence artificielle pré-entraîné sur de vastes ensembles de données. Il peut accomplir de nombreuses tâches différentes sans avoir besoin d'être spécifiquement programmé pour chacune d'entre elles.
Un même modèle peut aussi bien rédiger des textes, analyser des images, traduire des langues ou résoudre des problèmes mathématiques. C'est ce qu'on appelle la multimodalité (notez que tous les modèles ne sont pas nécessairement multimodaux).
Ce qui le rend particulièrement intéressant, c'est sa capacité à apprendre et à faire des liens entre différentes informations, un peu comme le cerveau humain.
Il peut même développer des capacités qui n'étaient pas prévues initialement dans son entraînement. C'est ce qu'on désigne par l'émergence - un des aspects à la fois fascinants et inquiétants de l'IA !
Dans le paysage actuel de l'intelligence artificielle générative, cinq acteurs majeurs se distinguent, dessinant une carte stratégique où innovations technologiques et enjeux économiques s'entremêlent étroitement.
- En tête de peloton, OpenAI, soutenu par Microsoft, maintient sa position dominante avec ChatGPT. "Les performances de leur modèle continuent d'établir les standards du marché", souligne le classement de référence artificialanalysis.ai, confirmant la suprématie technologique du duo américain.
- Sur la deuxième marche du podium, Anthropic, qui bénéficie du soutien d'Amazon, s'impose avec Claude 3.5 Sonnet. Cette alliance stratégique renforce considérablement la position de l'entreprise sur le marché des modèles de fondation.
- Vient ensuite, Google - ou par souci de cohérence Alphabet, sa maison-mère, acteur historique du secteur, poursuit son offensive avec Gemini 2.0 et son écosystème, démontrant sa capacité à mobiliser ses ressources considérables dans cette course technologique.
- Meta, ancien Facebook, se positionne différemment avec Llama 3.1 405B, optant pour une approche open source qui bouleverse les codes traditionnels du secteur. Pour le moment, le modèle Meta AI n'est hélas pas disponible en France (sauf à utiliser un VPN).
- Fait marquant du paysage concurrentiel, Mistral, entreprise française, se distingue comme un acteur majeur avec son modèle Mistral Large 2, accessible notamment grâce à l'excellente interface multimodale Le Chat.
Cette configuration restreinte d'un marché, pourtant en constante évolution, illustre la vivacité d'un secteur où les alliances stratégiques jouent un rôle déterminant dans la course à l'innovation en 2025.
2. Bye-bye les GAFAM, bonjour les GAMMANX
L'acronyme historique "GAFAM" - Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, longtemps symbole de la domination américaine dans le secteur, s'apprête à accueillir de nouveaux acteurs stratégiques - et pas de surprise, ils sont toujours américains ! (et même californiens, à l'exception de Microsoft)
Cette nouvelle configuration, intégrant Nvidia et X, marque l'émergence d'un nouveau septuor : Google, Apple, Meta, Microsoft, Amazon, Nvidia et X, redessinant les contours du leadership technologique mondial.
Point d'orgue de cette reconfiguration, Nvidia s'impose comme un acteur incontournable de l'IA : sa capitalisation boursière exceptionnelle, dépassant les 3400 milliards de dollars en 2025, témoigne de son rôle crucial dans le développement de l'intelligence artificielle.
Nvidia n'est plus un simple fabricant de processeurs, mais la colonne vertébrale de la révolution IA.
L'entrée en scène de X, sous l'égide d'Elon Musk - nouvellement "ministre" (non officiel) au sein de l'administration Trump, promet également de bouleverser les équilibres établis.
Nous verrons de quelle manière avec, en particulier, le projet Colussus.
3. OpenAI, leader contesté en 2025 ?
OpenAI, actuel leader mondial de l'intelligence artificielle, a orchestré en décembre 2024 une série d'annonces majeures baptisée « Les 12 jours d'OpenAI », marquant un tournant décisif dans l'évolution des technologies numériques.
Cette initiative, construire à la manière d'un calendrier de l'avent de "Shipmas", illustre la volonté d'OpenAI de maintenir son avance technologique face à une concurrence de plus en plus poussée.
Parmi les innovations phares, Sora se distingue comme une avancée révolutionnaire dans le domaine de la vidéo générative... même si elle subit déjà la forte concurrence d'acteurs déjà établis comme le chinois Kling ou l'américain RunwayML.
Les modèles o3 et o3-mini (pas encore disponible à l'heure où j'écris ces lignes) constituent également une percée significative, notamment dans le domaine scientifique.
Ces nouveaux modèles démontrent des capacités de raisonnement jusqu'alors inégalées. Il aurait en particulier atteint un score de 85 % au test ARC-AGI, une référence conçue pour évaluer l'intelligence générale.
Sur le plan commercial, le lancement de ChatGPT Pro à 200 USD mensuel s'inscrit dans une stratégie de monétisation ambitieuse.
Ce positionnement premium reflète la confiance d'OpenAI dans la valeur ajoutée de ses services.
Un pari gagnant en 2025 ?
4. La révolution du protocole MCP par Anthropic
L'année 2024 s'est révélée déterminante pour Anthropic, marquée par deux avancées majeures qui redessinent le paysage de l'intelligence artificielle.
Le lancement de Claude 3.5 Sonnet, saluée par les experts comme l'un des meilleurs modèles en termes de performances et de fiabilité de l'année, a démontré la capacité de l'entreprise à rivaliser avec les géants du secteur.
La collaboration stratégique avec Amazon Web Services (AWS) a renforcé la position d'Anthropic sur le marché mondial, offrant une infrastructure cloud robuste pour le déploiement de ses solutions d'IA.
Parallèlement, l'introduction du Model Context Protocol (MCP) constitue une innovation majeure, proposant une approche standardisée pour l'intégration des systèmes d'IA aux infrastructures existantes, révolutionnant ainsi la manière dont les assistants IA interagissent avec les données.
Cette initiative open source facilite considérablement l'adoption des technologies d'IA par les entreprises, tout en améliorant significativement la pertinence des réponses générées.
Surtout, Anthropic prend une bonne avance dans le domaine très convoité de l'IA agentique capable de prendre des décisions et de passer à l'action de manière semi-autonome, voire même totalement autonome !
Les observateurs du secteur attendent désormais avec impatience le lancement de Claude 4, qui pourrait consolider la position d'Anthropic comme acteur incontournable de l'intelligence artificielle en 2025.
5. Google 2025 : année du renouveau ou année de tous les dangers ?
L'année 2024 aura été marquée par une perception paradoxale de Google dans le secteur de l'intelligence artificielle.
Combien aurais-je vu de titres d'articles, de vidéos Youtube (pourtant propriété de Google) ou de coupure de presse spécialisée annonçant la "fin du géant Google ?".
Un sentiment de "Schadenfreude" injustifié car l'entreprise conserve des atouts majeurs dans la course à l'innovation.
Les statistiques parlent d'elles-mêmes : Chrome domine toujours le marché des navigateurs avec 70% de parts de marché dans le monde, tandis que la suite Google Workspace reste incontournable dans le monde professionnel.
L'écosystème Google est profondément ancré dans nos usages quotidiens mais qu'en est-il de l'IA générative ?
L'héritage scientifique de l'entreprise mérite d'être rappelé.
La publication en 2017 de « Attention is all you need » a posé les fondements théoriques des modèles de type transformer, révolutionnant le domaine de l'IA.
Cette contribution fondamentale est souvent oubliée dans les débats actuels.
Pour 2025, Google Labs prépare une contre-offensive majeure. Le projet Astra et LearnLM s'annoncent comme des innovations de rupture dans le domaine de l'éducation personnalisée.
Enfin, Veo, leur futur générateur de vidéos HD, témoigne également de l'ambition de l'entreprise de Mountain View de reconquérir son leadership technologique. Le marché de la création de contenu vidéo représente en effet un enjeu stratégique majeur pour 2025.
L'éléphant au milieu de la pièce - comme disent les américains - reste néanmoins la question du Search en 2025, que nous verrons un peu plus loin.
6. Meta et l'open source... en route vers le metaverse !
Durant l'été 2024, Meta a surpris tout le monde avec le lancement de Llama 3.1 405B, un LLM open source colossal mobilisant, comme son nom l'indique, 405 milliards de paramètres - même si, en matière d'IA comme beaucoup d'autres choses, ce n'est pas la taille qui compte...
Meta mise sur l'ouverture avec Llama 3.1, le plus grand modèle de langage open source, démocratisant ainsi l'accès aux technologies d'IA.
Autant que le modèle lui-même, le choix de l'entreprise fondée par Mark Zuckerberg de permettre à des millions d'utilisateurs d'accéder gratuitement à Llama a profondément interrogé.
Il s'agit en fait d'un immense pari sur 2025 et même au-delà.
Avec cette décision, Meta facilite l'intégration de son LLM dans diverses applications, ce qui peut conduire à une adoption plus rapide et à des améliorations continues grâce aux contributions de la communauté open source.
Cela permet aussi de proposer une alternative transparente et modifiable aux LLM propriétaires, et donc de diminuer la mainmise de ChatGPT, Claude et Gemini sur le marché.
Enfin, il est certain que les fonctionnalités IA natives dans Facebook, Instagram et Whatsapp fonctionneront sous Meta AI, permettant ainsi d'exploiter encore plus de data et d'entraîner le modèle pour qu'il puisse s'intégrer au sein du grand rêve de Mark Zuckerberg : créer un metaverse complet comme écosystème.
Pour l'instant, peu de chance que vous assistiez à cette évolution, car, pour nous habitants de l'UE, le modèle n'est pas encore accessible, une fois de plus (du moins, sans VPN).
7. Mistral : un vent nouveau venu de France
Mistral est sans aucun doute le modèle "chouchou" des spécialistes français (et même européens) de l'IA générative.
En effet, les États-Unis et la Chine dominent de la tête et des épaules la compétition technologique dans ce secteur, grâce à la mobilisation d'investissements privés massifs (USA) et/ou la volonté politique d'un régime (Chine).
Fondée en avril 2023 (autrement dit, hier !) cofondée par Arthur Mensch, Guillaume Lample et Timothée Lacroix, Mistral AI est LA société française spécialisée dans l'intelligence artificielle générative.
Le LLM Mistral s'est distingué dès son lancement fracassant, occupant une place importante dans les benchmarks IA. Son succès ne se limite pas à une fierté nationale liée à ses origines françaises, car son actionnariat est diversifié.
Il est particulièrement reconnu pour avoir été parmi les premiers à intégrer l'architecture Mixture of Experts (MoE), qui optimise les performances en IA.
En 2024, Mistral a frappé un grand coup en lançant la mise à jour multimodale de son modèle Le Chat, proposant une alternative gratuite à ChatGPT.
En 2025, l'entreprise vise à conquérir le marché européen, en particulier les entreprises soucieuses de la confidentialité des données et de la souveraineté technologique.
8. Nvidia, "nouveau" géant de l'IA
Avant la révolution IA, peu de gens, en dehors des amateurs de jeux vidéo et des spécialistes du montage vidéo, connaissaient Nvidia, pourtant fondée en 1993.
Aujourd'hui, avec une capitalisation de 3400 milliards de dollars (l'équivalent de 10 fois celle de notre LVMH national !), la marque dite "au caméléon" - en rapport avec son logo vert - a fait une entrée fracassante dans la cour des géants de la tech.
Cette spectaculaire réussite est largement due à l'explosion de la demande en GPU (ou cartes graphiques), nécessaires à l'entraînement des LLM.
Son produit phare en 2024 ? La NVIDIA H100 Tensor Core, coûtant la bagatelle de 30,000€ pièce !
Avec un tel succès, NVIDIA ne va pas s'arrêter là en 2025.
Parmi les projets phares, on retrouve la GeForce RTX 50 Series, une révolution graphique et IA ainsi que Cosmos, une plateforme d'IA physique pour robots et véhicules autonomes.
Notons aussi le lancement de Project DIGITS, un supercalculateur IA personnel accessible dès 3 000 $.
L'entreprise développe aussi des agents IA autonomes (Agentic AI) pour automatiser les workflows d'entreprise, tout en renforçant ses solutions pour les véhicules autonomes avec DRIVE Hyperion.
Enfin, NVIDIA continue d'innover avec Omniverse pour la simulation physique et des microservices IA open source, rendant l'IA plus accessible et puissante que jamais en 2025.
9. La fin d'une multiplication insensée des LLMs ?
Si on y réfléchit un instant, tout cela est-il bien raisonnable ?
Un modèle de langage comme GPT-4 a coûté environ 100 millions de dollars, incluant les dépenses en matériel, énergie et ressources humaines.
En 2025, les futurs modèles pourraient coûter jusqu'à 1 milliard de dollars en raison de leur complexité accrue et de leur besoin en ressources de calcul.
Ajoutons à cela la consommation énergétique importante servant à l'entraînement et à l'inférence de ces monstres.
Par exemple, une seule requête ChatGPT consomme jusqu'à 10 fois plus d'énergie qu'une recherche Google classique.
D'ici 2027, la consommation énergétique liée à l'IA pourrait atteindre 85 à 134 TWh par an, ce qui équivaut à la consommation annuelle de pays comme les Pays-Bas ou la Suède.
Pensez-vous que ces chiffres vont freiner les ardeurs des acteurs de l'IA ?
Eh bien, oui... dans une certaine mesure !
D'un côté, les coûts énergétiques et financiers exorbitants, ainsi que les préoccupations environnementales, pourraient ralentir le développement quantitatif de modèles génériques massifs. Le technosolutionnisme ambiant (surtout dans la Silicon Valley) pousse même les grands patrons de la tech à s'intéresser à la fusion nucléaire pour régler le problème !
Mais de l'autre, la course à l'IA reste vive, notamment pour des raisons de souveraineté numérique.
Des pays comme les Émirats arabes unis, avec leur projet Falcon Foundation, montrent que les LLM sont perçus comme des outils stratégiques pour l'indépendance technologique.
Ainsi, malgré les défis, les modèles de langage continueront de proliférer, mais avec une attention accrue portée à l'optimisation, à la spécialisation et à l'éthique.
10. Small (language models) is beautiful !
Si certains critiquent la multiplication des grands modèles de langage, d'autres se demandent si la course au gigantisme est bien raisonnable.
Certes, les grands modèles de langage (LLMs) ont longtemps porté l’essor de l’IA générative (GenAI), mais à mesure que le secteur mûrit, l’attention se porte de plus en plus sur les petits modèles de langage (Small Language Models ou SLMs).
En effet, alors que les LLMs, entraînés sur d’immenses volumes de données, montrent leurs limites – ils ne retiennent pas les informations en temps réel, peinent à contextualiser et voient parfois leurs performances se dégrader au fil des réentraînements et surtout risquent d'être rapidement à court de data –, les SLMs s’avèrent, eux, plus efficaces et moins coûteux en énergie.
Fondés sur des ensembles de données plus ciblés, ces modèles plus « légers » conviennent tout particulièrement aux applications verticales, comme dans le secteur des télécommunications, et peuvent fonctionner sur des appareils comme les lunettes connectées Ray-Ban Meta, développées en collaboration entre Meta et EssilorLuxottica.
Cette transition vers des formats plus agiles, plus économes et tout aussi performants laisse à penser, comme l’affirme le MIT, que « l’avenir appartient aux bêtes plus petites et plus rapides ».
11. Bientôt l'IA quantique ?
S'il existait un classement officiel des buzzwords de 2024, IA et quantique occuperaient probablement les premières places.
Alors, quand on parle d'IA quantique — la fusion des deux technologies les plus passionnantes de ces dernières décennies — toutes les oreilles se tendent.
L'IA quantique a pour objectif de développer des algorithmes et des modèles capables de traiter des ensembles de données massifs et de résoudre des problèmes complexes plus rapidement, avec une précision accrue.
Par exemple, les réseaux neuronaux quantiques pourraient offrir des capacités d'apprentissage et de généralisation bien supérieures à celles des systèmes classiques.
L'année 2025 s'annonce d'ailleurs très prometteuse pour l'intelligence artificielle quantique (IAQ), notamment dans des secteurs comme la recherche pharmaceutique, la modélisation climatique, la finance ou encore la conception de nouveaux matériaux.
Un domaine s'intéresse particulièrement à cette nouvelle discipline : la cybersécurité.
Les entreprises devront en effet adopter des algorithmes résistants à l'informatique quantique pour protéger leurs données sensibles. Et ce, dès 2025 !
12. Le SEO va céder la place à l'AEO !
Le PDG de Google, Sundar Pichai, a déclaré que le moteur de recherche de l'entreprise allait "changer profondément" en 2025.
"Je pense que nous serons capables de répondre à des questions plus complexes que jamais", a-t-il affirmé lors du sommet DealBook du New York Times.
En 2024, Google a entamé une refonte majeure de son moteur de recherche avec l’ajout de résumés générés par IA et une mise à jour de Google Lens permettant de rechercher sur le web via une vidéo.
La société prépare également une mise à jour majeure de son modèle Gemini, afin de rivaliser avec Microsoft, OpenAI et le moteur de recherche alimenté par IA Perplexity.
De quoi donner des sueurs froides, en 2025, à tous ceux qui ont basé leur modèle économique sur le SEO !
D'ailleurs, cet acronyme devrait peu à peu être remplacé par celui de AEO (Answer Engine Optimization), soulignant que l'IA nous fera passer de l'ère de la recherche (sous-entendu, nous cherchons nous-mêmes nos réponses sur les sites) à l'ère de la réponse, digérée et fournie par l'IA.
13. Place aux bases de données vectorielles
Les bases de données vectorielles sont conçues pour stocker, gérer et interroger des vecteurs de haute dimension, représentant des données complexes telles que des textes, des images ou des séquences audio.
Expliqué plus simplement, ce type de base "catégorise" ses données, lui donnant une sorte d'empreinte qui les rend beaucoup plus faciles à être mobilisées par l'IA.
En 2024, leur adoption a connu une croissance significative, soutenue par des avancées technologiques et une demande accrue pour des solutions capables de gérer efficacement des données complexes.
En 2025, le marché des bases de données vectorielles devrait continuer à croître à un rythme soutenu, avec un taux de croissance annuel estimé à 22,4 % entre 2024 et 2030.
Cette expansion est alimentée par l'augmentation du volume et de la complexité des données, ainsi que par la nécessité d'outils plus sophistiqués pour les analyser et en extraire des insights pertinents.
14. Real-Time Communication : l'IA a du coffre
En 2025, la convergence des RTC (Real-Time Communication) et de l'intelligence artificielle (IA) promet de transformer les communications en temps réel, rendant les interactions plus fluides, intelligentes et personnalisées.
Grâce à des technologies comme la 5G et l'edge computing, l'IA optimise la qualité des appels, réduit la latence et offre des fonctionnalités avancées telles que la traduction en temps réel, l'analyse émotionnelle et la gestion dynamique des réseaux.
Cependant, cette révolution soulève des défis majeurs, notamment en matière de sécurité des données, d'accessibilité pour tous les utilisateurs et de complexité technique.
Les secteurs de la télémédecine, de l'éducation à distance, des services clients et du métavers seront particulièrement impactés, avec des applications comme les consultations médicales enrichies par l'IA, les cours personnalisés ou les interactions immersives en réalité virtuelle.
Il est désormais possible de proposer une expérience candidat remarquable grâce à ces agents vocaux comme le montre cette vidéo de démonstration de l'un de nos produits.
Pour maximiser les bénéfices de cette convergence, il sera essentiel de relever les enjeux éthiques, techniques et économiques, tout en garantissant une adoption inclusive et sécurisée.
15. Émergence des agents autonomes
Les agents autonomes sont apparus progressivement au début des années 2010, avec des premières applications dans l'automatisation des tâches grâce à des outils comme les chatbots et des assistants vocaux (en particulier Siri, inventé par la légendaire Luc Julia, que je vous conseille de découvrir dans l'excellentissime documentaire "Silicon Fucking Valley").
Pour faire simple, il s'agit d'un logiciel alimenté par l'IA capable de prendre des décisions et d'exécuter des actions de manière indépendante pour atteindre un objectif spécifique, comme par exemple, planifier des rendez-vous, gérer des calendriers ou effectuer des transactions en ligne.
Source AIexplorer
Selon les prévisions de Gartner, ces agents joueront un rôle croissant dans les entreprises. D'ici 2028, ils pourraient être responsables de 15 % des décisions professionnelles quotidiennes, contre 0 % en 2024.
Cependant, ce chiffre est à nuancer car plusieurs défis subsistent, notamment en matière de raisonnement, de mémorisation et de sécurité.
Les risques associés incluent la perte de contrôle ou des usages malveillants, ce qui a de quoi refroidir les plus ardents partisans de l'IA !
16. Une transition progressive des LLM aux LCM
Imaginés par Meta, les Large Concept Models (LCMs) proposent une approche centrée sur les concepts, améliorant la compréhension contextuelle et la pertinence des réponses.
Dit autrement, les LLM sont des "super écrivains", qui excellent dans des tâches comme la traduction, la rédaction de textes ou la réponse à des questions, car ils peuvent prédire le mot suivant dans une phrase en analysant des milliards de phrases.
Les LCM, eux, seraient des "philosophes", capables de comprendre et manipuler des concepts abstraits plutôt que de simples mots ou phrases. Cela leur permet d'opérer à un niveau sémantique, et non plus au niveau de "bouts de mots" appelés tokens.
Actuellement, Les LCM sont encore en développement au sein de la FAIR Team, mais ils pourraient être utilisés dès 2025 pour des tâches comme la planification stratégique, la résolution de problèmes complexes ou la création de systèmes d'IA plus autonomes.
17. De la RAG à la KAG
Pour expliquer cette évolution, commençons par expliquer ce qu'est le RAG (Retrieval-Augmented Generation) de manière simple.
Toutes les IA que vous utilisez (ChatGPT, Gemini, etc) possèdent une sorte de base de connaissance interne, qui est par définition limitée. En effet, votre assistant IA ne peut pas avoir connaissance, par exemple, des documents, articles, ou données spécifiques à votre entreprise.
Pour le faire fonctionner sur vos propres données, il faut "lui donner à manger" vos informations. Cet ajout de data porte donc le doux nom de RAG.
Le Knowledge Augmented Generation (KAG), imaginé en septembre 2024, surpasse le Retrieval Augmented Generation (RAG), dans la façon dont elle gère les connaissances.
Au lieu de faire une recherche en temps réel dans une base de données, le KAG intègre directement les connaissances dans le modèle, grâce à une phase d'entraînement du modèle.
Ainsi, quand vous posez une question, le modèle utilise directement ces connaissances "mémorisées", directement intégrée dans la base vectorielle, pour générer une réponse, sans avoir besoin de consulter une base de données externe.
Les avantages principaux sont :
- Réponses plus rapides (environ 30%) car pas besoin de recherche externe
- Moins de ressources nécessaires (pas de base de données à maintenir)
- Plus efficace pour des connaissances stables qui changent peu
En 2025, on s'attend à une adoption plus large du KAG, notamment dans les domaines de l'e-gouvernement, de la santé électronique et d'autres secteurs professionnels nécessitant des réponses plus précises qu'avec le RAG.
18. L'IA, votre prochain créateur de jeux vidéos
Le secteur des jeux vidéo est probablement l'industrie culturelle qui va subir le plus gros impact en 2025.
D'une part, parce que les personnages non joueurs (appelés familièrement les PNJ) seront dotés d'une capacité de raisonnement, amenant des arcs narratifs nettement plus riche et une expérience de jeu inégalée.
Mais surtout, parce que l'IA générative est désormais capable de générer des jeux vidéo image par image grâce à des technologies avancées d'apprentissage automatique !
En août 2024, des spécialistes de Google Research ont créé l'émoi dans la communauté des "gamers" en générant entièrement le célèbre jeu d'action "Doom".
Non seulement le modèle a été capable de produire chaque image du jeu, mais il a aussi pu les animer, créer le scénario et le gameplay (système de jeu) et de tout assembler pour en faire un jeu complet et jouable.
Une véritable révolution (et pas que pour les amateurs de ce genre de divertissement) !
En 2025, il est très probable que nous assisterons à la sortie de nouveaux genres et expériences adaptatives.
Les jeux générés par IA pourront s'adapter en temps réel aux actions du joueur, créant des expériences uniques et personnalisées. Cela ouvre la voie à des jeux évolutifs et immersifs, où l'histoire et les mécaniques changent dynamiquement.
19. Text-to-video : le grand bouleversement audiovisuel
Indubitablement (j'adore ce mot !), l'année 2024 aura été l'année de la génération vidéo par IA.
Annoncé en 2023, nous étions nombreux à attendre avec impatience la sortie de Sora, par OpenAI.
Il suffit de regarder ce que cet outil nous promettait pour le comprendre !
Pourtant, son lancement en décembre 2024 en aura déçu plus d'un, pour au moins trois raisons :
- Sa sortie a été retardée en raison des élections américaines de 2024. En effet, la capacité de Sora à créer des vidéos ultra-réalistes à partir de simples descriptions textuelles suscitait des craintes quant à la propagation de fausses informations susceptibles d'influencer le processus démocratique.
- Entre temps, des modèles comme le chinois Kling, ou l'américain Runway ont proposé des alternatives au moins aussi crédibles, ce qui a grignoté l'avance d'OpenAI.
- Son accès est interdit en Europe en raison du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) et des actes législatifs récents comme le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA) qui imposent des exigences rigoureuses aux entreprises technologiques opérant dans l'Union européenne.
Néanmoins, la partie a commencé.
Attendons-nous à un feu d'artifice audiovisuel en 2025 !
20. Vers un essor de l'IA 3D
L'IA 3D gagne en importance, ouvrant de nouvelles perspectives dans les secteurs du design et de la réalité augmentée.
Voici un exemple impressionnant réalisé avec un simple prompt sur Blockade Labs.
En 2025, l'intelligence artificielle appliquée à la création et à la manipulation de contenus 3D devrait connaître des avancées significatives, transformant divers secteurs tels que le divertissement, le design, l'architecture et l'industrie.
Les modèles d'IA générative sont déjà capables de créer des objets et des environnements 3D à partir de simples descriptions textuelles ou d'esquisses.
Cela facilitera la conception de prototypes, l'élaboration de scènes virtuelles pour les jeux vidéo et la production de contenus pour la réalité augmentée et virtuelle.
Dans l'industrie, l'IA 3D contribuera à l'optimisation des chaînes de production grâce à la modélisation précise de pièces et de processus, facilitant la maintenance prédictive et l'amélioration continue des systèmes.
Les jumeaux numériques, des répliques virtuelles d'objets physiques, bénéficieront également de ces avancées pour une surveillance et une optimisation en temps réel.
21. UX/UI : place aux Interfaces Adaptatives en Temps Réel
Une interface adaptative s'ajuste automatiquement en fonction des préférences, des comportements ou des besoins de l'utilisateur.
De manière très concrète, une page d'accueil Netflix ou Spotify est conçue par ces plateformes après analyse des habitudes de visionnage (séries ou musiques appréciées, type de recherche, etc.).
L'interface s'adapte donc bel et bien à vos habitudes.
Maintenant, imaginez que ce procédé puisse s'effectuer en temps réel, avec une intelligence artificielle qui analyse les préférences de l'utilisateur pour lui proposer le meilleur produit, le meilleur service ou la meilleure offre d'emploi.
C'est désormais possible et cela permet une expérience utilisateur ultra-personnalisée et réactive.
C'est par exemple ce que propose Duolingo avec sa plateforme éducative.
-
Si un apprenant est débutant, l'application simplifie le contenu et propose des exercices plus faciles pour faciliter la compréhension.
-
Pour les apprenants avancés, Duolingo ajuste les leçons pour les rendre plus complexes et les mettre à l'épreuve, en fonction de leur maîtrise des concepts.
Nul doute que cette petite révolution de l'expérience utilisateur va continuer à faire des petits en 2025 !
22. Projet Colossus : la course au gigantisme
Le projet Colossus de Elon Musk est un projet ambitieux lié à l'optimisation et à la mise à l'échelle des infrastructures de calcul pour soutenir les avancées technologiques de ses entreprises, notamment Tesla, SpaceX, et Neuralink.
Colossus est largement associé au développement de supercalculateurs et de systèmes d'intelligence artificielle (IA) de pointe pour accélérer l'innovation dans des domaines comme les véhicules autonomes, l'exploration spatiale, et les interfaces cerveau-machine.
Comme l’a mentionné Elon Musk lors d'un tweet en décembre 2024, la première phase comportant 100 000 GPU H100 (oui, les fameux mentionnés plus haut à 30 000€ pièce !) est achevée.
En 2025, la deuxième phase atteindra 200 000 GPU, dont 50 000 seront des H200. L’ensemble des systèmes est connecté sur une seule structure RDMA et constitue probablement le plus grand cluster Gen-AI à ce jour.
23. Grok/xAI : ambitions à surveiller
En décembre 2024, xAI (à ne pas confondre avec le XAI, l'IA explicable) levé 6 milliards de dollars, portant sa valorisation à plus de 40 milliards de dollars.
Elon Musk, futur responsable du "département de l'Efficacité gouvernementale" américain, a annoncé le lancement imminent de Grok 3, une version de nouvelle génération de son modèle d'intelligence artificielle, dopé aux centaines de milliers de GPU évoqués précédemment.
Certains spécialistes frémissent à l'idée qu'un modèle aussi puissant soit dans les mains exclusives du propriétaire du réseau social X, ouvrant la porte à un monde où il sera très difficile de distinguer la réalité de la "fake news".
D'ailleurs Grok a récemment intégré Aurora, un nouveau modèle de génération d'images développé par xAI, offrant des capacités photoréalistes avancées.
Cette fonctionnalité permet de créer des images sans limitations, suscitant à la fois admiration et préoccupations en 2025.
24. Quand la Chine s'éveillera…
... le monde tremblera, écrivait Alain Peyrefitte en 1973.
Force est de constater que l'Empire du Milieu est déjà debout depuis bien longtemps, en particulier dans le secteur de l'IA.
La Chine a investi massivement dans l'IA bien avant la sortie de ChatGPT.
En 2017, le gouvernement chinois a lancé le "Plan pour la nouvelle génération d'intelligence artificielle", visant à faire de la Chine le leader mondial de l'IA d'ici 2030.
En particulier, elle a lancé une stratégie dite des "100 modèles", encourageant une multitude de startups à développer des modèles de langage (LLM).
Concrètement, la Chine dispose aujourd'hui d'un écosystème d'IA très dynamique, avec des géants technologiques comme Baidu, Alibaba et Tencent, ainsi que des startups innovantes comme 01.AI et DeepSeek.
DeepSeek est une intelligence artificielle open source chinoise, développée pour un coût remarquablement bas de 5,5 millions de dollars, soit une fraction des budgets investis par des entreprises comme OpenAI pour des modèles similaires.
Malgré ce budget réduit, DeepSeek affiche des performances comparables aux modèles les plus avancés, rivalisant avec des géants tels que GPT-4o et Claude 3.5 Sonnet.
Cependant, son origine chinoise soulève "by design" des préoccupations en matière de protection des données.
La Chine est en effet connue pour son absence de réglementation stricte sur la confidentialité des données et pour le contrôle étatique accru, ce qui peut poser des risques pour les utilisateurs soucieux de la confidentialité de leurs informations, et poser un sérieux problème au développement des modèles en 2025 et au-delà.
25. Batailles de droits d'auteur
En 2025, les batailles de droits d'auteur liées aux contenus générés par intelligence artificielle (IA) devraient s'intensifier, en particulier dans les domaines de la musique et de la littérature.
En effet, les IA comme ChatGPT ou d'autres modèles de langage peuvent générer des textes, des poèmes, voire des romans complets.
Mais qui détient les droits d'auteur sur ces œuvres ? L'utilisateur qui a donné les instructions, l'entreprise qui a développé l'IA, ou l'IA elle-même ?
En 2025, des poursuites judiciaires massives devraient se multiplier, avec des artistes, écrivains et maisons de disques intentant des actions en justice contre les entreprises développant des IA ou les utilisateurs commercialisant des œuvres issues de ces technologies.
Parallèlement, les gouvernements pourraient adopter de nouvelles régulations pour encadrer l'utilisation des IA dans la création de contenus, imposant des obligations de transparence et de compensation pour les auteurs originaux.
Dans ce contexte, une collaboration entre humains et IA pourrait s'imposer, où les créateurs devront intégrer ces outils tout en respectant des règles strictes pour éviter les conflits de droits d'auteur.
Ces scénarios pour 2025 illustrent les défis et les opportunités d'une ère où la créativité humaine et artificielle se croisent.
Bonus : Le sommet mondial de l'IA à Paris
Le Sommet mondial de l'IA à Paris, qui se tiendra du 10 au 11 février 2025, représente un événement majeur pour l'avenir de l'intelligence artificielle (IA). Ce sommet, organisé par la France, réunira des chefs d'État, des dirigeants d'entreprises, des chercheurs, des ONG et des représentants de la société civile du monde entier.
L'objectif est de discuter des avancées technologiques, des défis éthiques et des enjeux sociétaux liés à l'IA, tout en proposant des actions concrètes pour un développement responsable et inclusif de cette technologie
Pourquoi ce sommet est-il important pour 2025 ?
Contexte mondial critique
L'IA est en train de transformer tous les secteurs, de l'économie à la culture, en passant par la santé et l'environnement. Cependant, son développement rapide soulève des risques majeurs, tels que la désinformation, les atteintes à la vie privée et les inégalités économiques. Le sommet de Paris arrive à un moment crucial pour encadrer ces risques et maximiser les opportunités.
Leadership français et européen
La France, en organisant ce sommet, affirme son rôle de leader dans la réflexion sur une IA éthique et responsable. Elle souhaite promouvoir une vision européenne de l'IA, basée sur le respect des valeurs fondamentales et la protection des droits humains, tout en stimulant l'innovation.
Opportunité de collaboration internationale
Le sommet réunira des acteurs clés de plus de 100 pays, y compris les États-Unis, la Chine et l'Inde. Cette diversité permettra de construire un consensus international sur des sujets critiques, tels que la gouvernance, la sécurité et l'éthique de l'IA.